Pauvres petits moineaux -- Dessin Neltir

A l’époque de la première carabine à plomb, des shorts courts et des chaussettes grimpantes, et à
peine sorti des cataplasmes à la moutarde pour me guérir des suites d’une mauvaise bronchite, je «
chassais » le moinillon à peine sorti du nid.
En fait, à cet âge éminemment bête et méchant, pour reprendre le titre d’une revue bien connue de
tous quoiqu’ignorée de chacun (l’ancêtre de Charlie Hebdo), seul comptaient la prise, le score, le
résultat, en un mot le tableau.
Ce jour là, bien que je sois parti aux aurores, du coté de la butte aux lapins, bien que j’ai passé des
heures à affuter le moindre moinillon, la moindre plume volante, le tableau était désespérément
vierge… non pas que j’ai passablement raté l’un ou l’autre des représentants des passereaux, mais
parce que les plombs à tirer étaient restés dans ma poche, celui qui servait de « recharge » en
urgence dans la bouche, et, à par le gout du plomb, c’est aussi le gout de la défaite qui montait en
moi.
Je n’avais jamais vu ça, la bredouille assurée de belle manière, sans la moindre occasion d’y
échapper.
Pour moi c’était Trafalgar, la Bérézina et Noël sans jouet. Tout ça à la fois…
Tout simplement inacceptable…
Et c’est à ce moment là que me vient l’idée la plus vicieuse qui fut, l’idée que seul un esprit dérangé
de gamin frustré peut avoir…c’était le printemps et je connaissais un nid de moineaux planté à
plusieurs mètres de hauteur dans un arbre, pas loin.
J’en étais pas à une connerie de plus ou de moins, à l’époque les gamins à la Diana tiraient tous
azimuts à la campagne et personne ne disait rien… mais là, quand même !
Je devais avoir une bonne vingtaine de plombs dans les poches, je commençais donc
parcimonieusement à viser le nid…à l’arrivée, les plombs n’étaient plus assez puissants pour
traverser mais à chaque tir ça faisait un petit « ploc », « ploc »… si bien que les moinillons qui étaient
bien au chaud et se faisaient un petit roupillon se réveillèrent l’un après l’autre.
Je distinguais enfin la tête curieuse du premier qui sortait du nid, puis à coté celle de son frère, puis
encore une autre, si bien qu’avec encore un ou deux « plocs »supplémentaires les moinillons ont
vraiment du se faire du souci et que le premier… a sauté… suivi comme son ombre par tous les
frangins…
Et que je me suis retrouvé avec 3 moinillons bien chauds dans la main,
Comme un con.

Il n’était plus question du « tableau », rien qu’à voir ma figure le « tableau » était là… j’étais
déconcerté, surpris de me retrouver en charge d’âme, en charge de 3 moinillons esseulés.
Comme je n’y connaissais rien en élevage de passereaux, après avoir ramené tout ce beau monde à
la maison, je me suis empressé de faire la connerie à ne pas faire, j’ai donné du pain avec du lait à
chacun de mes protégés.
nutile de dire qu’ils n’ont pas fait long feu, le lendemain la caisse en carton a fait office de dernière
demeure et mes pleurs n’y ont rien changé.
Depuis ce jour là, je n’ai plus jamais tiré un « piaf » à la carabine à plomb.
La passion étant ce qu’elle est et le temps faisant son œuvre, j’ai bien entendu repris un peu plus
tard la Diana mais j’ai réservé les diabolos aux pies et aux tourterelles.
Bref, j’ai grandi en même temps que la grosseur de mes « gibiers » !!!
J’espère que ma connerie, elle, a diminué en même temps que la grosseur de mes gibiers à
augmenté.
Ca va, aujourd’hui le plus gros gibier que j’ai « fait » est un gros sanglier, pour être complètement
exonéré de la bêtise humaine j’espère un jour être invité en Afrique ou ailleurs pour tirer le
Mastodonte.

ils étaient 3 dans un nid et le petit dit "poussez vous", ils se poussèrent tous et 1 tomba du nid, ils étaient 2 dans un nid et le petit dit "poussez vous" ils se poussèrent tous et 1 tomba du nid.....
l’expérience et la sagesse se forgent sur l'enclume de nos conneries (au put..n, elle est pas mal celle là)
on en a tous fait, l'important c'est d'en retirer du bon, et tu l'as fait!

Belle histoire va me rappel mon enfance (n'est pas loin derrière moi 5-6 ans en arrière) je me trouve con quand je me souvient de ça, je tirais les moineaux chez ma grand mère, puis les moineaux et campagnols chez moi et je faisais des écarts malgré les ordres de mon père en tirant un merle, une tourterelle voulant toujours plus gros... J'ai eu une période plus correcte où je tirais les bisets dans une ferme amie puis je les plumais vidait et on les mangeaient...

Puis ça m'est passé et j'y repense aujourd'hui avec regret... Je m'identifie parfaitement dans ton histoire!

Moi qui n'ai fait aucune bêtise etant minot, je suis horrifié par tant de cruauté. L'écriture est un exutoire et cette histoire si joliment narrée en est la preuve. Le dessin de neltir illustre parfaitement le texte. Néanmoins j'ai bien peur qu'aucun énorme trophée ne vienne jamais supplanter ce genre d'expérience.
Que le diable sorte de ton corps et que tu continues à écrire pour ton salut et notre plus grand plaisir !!!
Merci à vous et longue vie aux moineaux....

encore une belle histoire, sa me rappèle quand j'avais 8 ans je faisai pareil avec les moineaux

Une carabine à air, quelques diabolos dans la poche et des moineaux, que demande le peuple? Je suis sûr qu'on est plus d'un à être passé par là...
Quant à être aussi vicelard que Jean-Paul, à tirer ces pauvres bêtes au nid! Encore que... Je me souviens d'un après-midi orageux de juillet où les geais et les merles s'étaient refusés de s'approcher de mon cerisier favori alors que des centaines d'hirondelles tournoyaient au-dessus de ma tête... La 12mm avait fait parler la poudre et je m'étais retrouvé tout con avec ce petit corps chaud au creux de la main... Pour reprendre l'expression de Rondeau dans son histoire de castor, Antoine "y a des fois t'es vraiment trop c.. "... Enfin, moi j'avais 10 ans, Rondeau lui, était déjà papa!

Encore une superbe histoire Jean-Paul et que dire du dessin de Neltir! J'espère qu'il est de retour au bercail maintenant.

de tirer les piafs à la diana il y a 40 ou 50 ans c'était assez banal,pas grand monde vous disait rien car pas grand monde en avait une, on se fabriquait des frondes et on les tirait (on en manquait pas mal) avec des billes en terre cuite,ancetres de la bille en verre ,que de coups de pieds au cul se sont perdus .Je pense encore à un copain de classe qui me faisait voir une mésange qu'il venait de tirer ,elle était toute petite ensanglantée dans sa main et lui tout con ,cela fait pratiquement 50 ans et j'y pense encore .C'est la seule chose qui me fait penser à lui

nous aussi c'était les piafs au lance-pierres, des vrais battues, il y avait encore des haies de chaque coté des chemins et à quatre ou plus, deux sur le chemin, chacun sa haie, et deux sur les terrains, fallait être con....ensuite est venu le temps de l'affût aux merles et grives avec la 9 ou la 12...
merci Jean-Paul pour ce retour dans le passé.

Merci du partage Jean-Paul .... que de souvenirs ... c'est vrai !.... les c........ de la jeunesse .

Quand j'y repense .... J'ai honte :

étant gamin , le poulailler au fond du jardin regorgeait en ces temps là d'une multitude de moineaux ...
Le système de fermeture pour les poules étaient une trappe commandée par une ficelle ... Dès qu'un nombre suffisant de moineaux se trouvaient à l'intérieur , on courait pour fermer cette trappe !
Il ne restait qu'à les attraper à l'intérieur , puis les placer dans une cage type canaris

La suite est bien pire : Une canne à pêche , un moulinet ... et le pauvre moineau se retrouvait lié par une patte ...
La carabine 9 mm flaubert à la main , le moineau était lâché ....... Si ce dernier était raté , il suffisait de fermer la anse de moulinet ... et de récupérer le piaf pour une seconde tentative ... J'ai honte tant d'années après

Blaser93 a écrit:Quand j'y repense .... J'ai honte :

étant gamin , le poulailler au fond du jardin regorgeait en ces temps là d'une multitude de moineaux ...
Le système de fermeture pour les poules étaient une trappe commandée par une ficelle ... Dès qu'un nombre suffisant de moineaux se trouvaient à l'intérieur , on courait pour fermer cette trappe !
Il ne restait qu'à les attraper à l'intérieur , puis les placer dans une cage type canaris

La suite est bien pire : Une canne à pêche , un moulinet ... et le pauvre moineau se retrouvait lié par une patte ...
La carabine 9 mm flaubert à la main , le moineau était lâché ....... Si ce dernier était raté , il suffisait de fermer la anse de moulinet ... et de récupérer le piaf pour une seconde tentative ... J'ai honte tant d'années après

   
Ça, c'est la vraie éthique de la chasse! Ainsi, même s'il n'était que blessé, tu pouvais facilement abréger ses souffrances...

Rien ne se perd , rien ne se crée .....

Je vous l'ai dit : J'en ai honte !!!!!!!!!!!!!!

ce qu'il y a de positif dans nos conneries de jeunesse c'est pour ma part mon fils n'a jamais fait de mal à aucun piaf au contraire je l'ai appris à en prendre soin.Difficile de racheter nos péchés de jeunesse .Mais à la fronde 'il n'y avait pas que les piafs à tirer.Je me rappelle notre voisin avait mis des bouteilles sur son poirier le bourgeon à l intérieur pour que la poire s'y développe, il ne lui serait resté qu a rajouter l'eau de vie.je me vois encore lui dire que c'était le gel qui avait pété les bouteilles ,mais j'en rigole encore

armand 09 a écrit:ce qu'il y a de positif dans nos conneries de jeunesse c'est pour ma part mon fils n'a jamais fait de mal à aucun piaf au contraire je l'ai appris à en prendre soin.Difficile de racheter nos péchés de jeunesse .Mais à la fronde 'il n'y avait pas que les piafs à tirer.Je me rappelle notre voisin avait mis des bouteilles sur son poirier le bourgeon à l intérieur pour que la poire s'y développe, il ne lui serait resté qu a rajouter l'eau de vie.je me vois encore lui dire que c'était le gel qui avait pété les bouteilles ,mais j'en rigole encore

Insulaire a écrit:

Blaser93 a écrit:Quand j'y repense .... J'ai honte :

étant gamin , le poulailler au fond du jardin regorgeait en ces temps là d'une multitude de moineaux ...
Le système de fermeture pour les poules étaient une trappe commandée par une ficelle ... Dès qu'un nombre suffisant de moineaux se trouvaient à l'intérieur , on courait pour fermer cette trappe !
Il ne restait qu'à les attraper à l'intérieur , puis les placer dans une cage type canaris

La suite est bien pire : Une canne à pêche , un moulinet ... et le pauvre moineau se retrouvait lié par une patte ...
La carabine 9 mm flaubert à la main , le moineau était lâché ....... Si ce dernier était raté , il suffisait de fermer la anse de moulinet ... et de récupérer le piaf pour une seconde tentative ... J'ai honte tant d'années après

   
Ça, c'est la vraie éthique de la chasse! Ainsi, même s'il n'était que blessé, tu pouvais facilement abréger ses souffrances...

J'évitais ainsi de faire appel à L' ABUOS ( Association Belge Utilisation Oiseaux de Sang  )