Celle là, elle est musclée !

On a rendez vous chez mon frangin, Pierre, qui habite un petit village de l’autre coté du département…Le temps de stocker toute la petite famille dans la Ford, on fonce…pas de temps à perdre car ce n’est pas tous les jours que l’on se voit.

Lui, il est à la retraite et avec les trois sous d’économie de sa courte vie professionnelle (il était gendarme), il a acheté une petite maisonnette calée dans un lotissement de type social, à savoir des maisons de poupée avec quatre arpents de terre autour.
Il a de la chance car son bout de terre est relativement grand et borde un ruisseau. Il a même installé une piscine hors sol en plastique de dimensions réduites et un mini poulailler.

Quand on se pointe, congratulations, on se la raconte, on boit le premier jaune, les enfants s’éclatent à la piscine, les femmes papotent, c’est que du bonheur, de ces petits instants magiques…

Mais vient l’heure du repas, il est quand même presque 19h30, va falloir s’y mettre, le barbecue va chauffer…

Et là, c’est la totale !
La Miss a carrément oublié d’acheter les saucisses-merguez…

Comme on est dans la plus pure tradition, pas question de griller autre chose, ni une ni deux, elle file au supermarché du coin.
Comme il n’y en a pas pour long, le mieux c’est de laisser le portail ouvert, déjà compliqué de manœuvrer dans ces espaces si étroits, la commune doit élargir les voies d’accès, mais bon.
C’est tout un foin politico-juridique de cession des voies à la commune, dans 10 ans on y sera encore…

On en a profité pour re boire un jaune, et puis un autre en attendant...

Pierre se met au barbecue, les enfants sortent de la piscine.
On attend toujours, le barbecue chauffe, les braises sont prêtes, bien cendrées…
Véronique revient enfin, on est sauvés ! Pierre peut enfin nous montrer ces talents de cuisinier et ça grille à tout va.

On se met à table, mais avec le temps chaud et la proximité du ruisseau, la nuit tombant on se fait rapidement manger nous aussi…par les moustiques !

Pas le choix, la fête continue… à l’intérieur.

Tout va bien dans le meilleur des mondes, on finit même par une petite partie de contrée.

Dehors il fait nuit noire. Il est quand même l’heure d’y aller.
Bisous, on se reverra bientôt, on est tous bien contents de cette soirée, on sort par derrière, le moteur de la Ford ronfle…

Le frangin va pour fermer le grand portail, sauf qu’un visiteur voudrait bien sortir aussi, un petit goret de sanglier qui passe carrément entre nous, cet andouille a du se faire enfermer dans le jardin…
Il file comme un fou, on a bien rigolé !
Franchement bien rigolé, surtout les enfant... puis on a vite rigolé jaune…non pas à cause du pastis mais car il n’est pas seul ! De l’autre coté de la maison, les quatre poules se mettent à gueuler, il y en a un qui a du éventrer la piscine, on entend la vague qui a fait tsunami, ça fait un bruit !

On décide rapidement de rentrer... les femmes et les enfants d’abord !
Le frangin complètement excité recherche sa vielle pétoire et quatre balles qui datent de l’an 40.
C’est qu’il n’a jamais chassé le bougre…

-Vas-y Jean-Paul, ils sont en train de tout casser !

Faut bien s’exécuter aux supplications de l’ainé.

C’est comme ça que, par légitime défense, 2 sangliers sont passés de vie à trépas pour avoir voulu se rafraichir dans la piscine hors sol du frangin.
J’étais bien content que le petit goret se soit enfui avant, sûr que le frangin aurait voulu le griller au barbecue. Il était fou de rage, la piscine éventrée, le poulailler explosé, les quatre légumes du jardin emportés par la vague vers le ruisseau, un vrai carnage…

Pas commodes les gendarmes, non ?

Pour la petite histoire les quatre poules ont eu tellement peur qu’elles ont sauté le mur de séparation, il ne les a jamais retrouvées.
C’est fou ce que peut faire l’adrénaline en mettant le feu au cul à un gallinacé domestique !

Rien à voir comme réaction avec ce que j’en connais habituellement d’une poule qui a le feu au cul !!!

Ils sont quand même forts ces sangliers, mais là ils avaient bien dépassé la ligne jaune, et un gendarme reste un gendarme, tu passes la ligne jaune, tu trinques !

Comme quoi la vieille pétoire et les balles de l' an 40 étaient encore efficaces

Moralité...... on peut jamais boire un jaune tranquille

Merci Jean-Paul pour le partage de cette tranche de vie.