Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
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Adrien
LeSarrazin
bacasable
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- bacasablePerdreau
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Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Sam 8 Déc 2012 - 16:15
La fin de ma première saison de chasse approchait à grand pas. St-Hubert m'avait gâté, puisqu'une biche et deux chamois m'avaient fait l'immense plaisir de s'arrêter dans le réticule de ma lunette. Pour un premier permis, je n'en espérais pas tant.
Mi-octobre 2012. Une fine couche de "fraîche" était venue blanchir les sommets, les jours commençait à s'éclipser de plus en plus tôt, bientôt l'heure de ranger nos armes et de sortir les skis. Au milieu de la matinée, au travail, je reçois un message de Christian, un des chasseurs expérimentés de notre groupe:
-"Appelle-moi dès que tu peux".
Autant dire qu'il n'en fallait pas beaucoup plus pour que mon imagination se mette en route et que je ne me "fasse des films" quant à la nouvelle qu'il allait m'annoncer. J'ai donc attendu ma première pause et l'ai appelé:
"- Ciao Christian, ça joue? Quelque chose d'important?"
"- Rien de grave. Je suis passé hier soir à l'alpage de Pasin. J'ai vu 2 cochons qui repartaient vers le col. Et pas des petits... Je te suggère d'aller te poster là-haut ce soir. Y'a des chances qu'ils ressortent. Mets toi au poste du haut, ils devraient sortir en face de la grande lanche, depuis la réserve... Moi je peux pas y aller, je bosses tard."
"- Ok. Merci de l'info. Mais tu crois pas que je devrais rester un peu d'en-bas, pour les croiser à la sortie de la forêt."
" - Fais comme tu veux, mais moi à ta place j'irai en haut. Après, ils peuvent aussi sortir plus bas,... ou pas du tout... "
"- D'accord. Je te tiens au courant"
Autant dire que ma productivité au travail l'après-midi ne fut certainement pas à la hauteur des espérances du chef!!!
Enfin. Après une discussion avec le boss, je sors bien en avance du job, je rentre direct à la maison, m'équipe en quatrième vitesse, charge mon bardas dans la voiture et me voilà grimpant à toute allure vers l'endroit où, j'en suis persuadé, j'ai rendez-vous avec mon premier sanglier. Quel exploit ça serait, pour ma première année, de tirer un cochon. Cela fait plus de 3 ans que personne du groupe n'en a salué un comme il se doit...
J'arrive ainsi au "chalet du barbu", parque ma voiture en retrait, m'équipe rapidement et me dirige vers le poste indiqué par Christian. 15 cm de neige ne facilitent pas mon ascension, et il me faut bien 25 bonnes minutes de grimpette pour qu'enfin les 2 sauvestres de mon beretta soient au bon endroit et prêtes à entrer en action.
L'attente commence. 16h30... 17h00... 17h30. Il n'y a presque aucun bruit, la neige atténue tout. Hormis quelques sifflements de passereaux, rien ne semble venir troubler l'immobilité totale du paysage de l'alpage déjà entré dans l'hiver. Dans mes jumelles, je distingue tout de même au loin quelques mouflons qui cherchent pitance aux fonds des prés. La lumière
commence à diminuer. Je scrute le moindre détail de la lanche en face de moi, épaule et vise au moins 50 fois le moindre rocher, histoire d'être prêt quand il le faudra. Je commence aussi à trembler, car un petit "souffle" glacial viens s'ajouter à la température faiblement négative. Et oui, on est tout de même à 1800m et le soleil a disparu depuis longtemps derrière les cimes.
Soudain, et je ne sais toujours pas pourquoi, je tourne la tête sur ma gauche. Un minuscule point noir attire mon attention. Tiens, c'est étrange, je ne l'avais pas encore remarqué ce point noir... ... ... ... Put... mais il bouge.
En même temps que le mot "sanglier" explose dans ma tête et que mon coeur commence à s'emballer, je me rends compte quasi-instantanément qu'il est sorti en bas et que je suis placé un peu trop haut. Je garde le secret espoir qu'il longe la lisière de la forêt et se dirige vers moi, mais je sais déjà ce qu'il va faire. Et pas manqué, il croise le pâturage à plat, au petit trot, sans se presser. Arrivé de l'autre côté de la zone dégagée, il marque un petit temps d'arrêt puis s'enfonce sous les petits sapins. A peine ai-je le temps de le mettre dans mes jumelles qu'il disparaît.
Ne sachant pas que faire, j'enfile mon sac à dos, quitte mon poste et tente une approche des plus discrètes possibles. Mais il fait bientôt nuit et le temps presse. Je tente d'allier vitesse et silence, mais je ne dois pas bien m'y prendre car je ne le reverrai pas. J'ai beau attendre près de l'endroit où il est rentré jusqu'à l'extrême limite de la visibilité (aidé en cela par la clarté de la neige), je ne lâcherai pas de cartouche ce soir-là.
Partagé entre le dépit de ne pas avoir suivi ma première idée (quant au choix du poste) et l'excitation d'avoir vu mon premier sanglier en action de chasse, je regagne mon véhicule puis téléphone à Christian.
-" Tu crois pas!!! Y'en a un qui est effectivement sorti, mais il est passé d'en bas, juste en dessus des mélèzes... Là où je pensais me mettre au début..."
-" Ah oui... Tu me fais marcher... Sérieux. Bon dommage alors. Mais au moins tu en as vu un. Et on sais où ils risquent de passer les prochaines fois..."
- "Ouais, je suis pas passé loin. Mais une belle soirée quand même... Je remonte jeudi. Mais je me mets en bas cette fois..."
- "Normalement je n'ai rien jeudi, alors je viendrai peut-être après le boulot."
- "Ok, redis-moi".
Le jeudi donc (deux jours après, le mercredi étant jour de trêve), me voilà posté à l'endroit même où j'ai vu rentré "mon" cochon. Christian m'envoie un message. "Suis en retard. Arriverai à la dernière minute. Me poste derrière toi, de l'autre côté de la sapinière. On se rejoint à la fin."
Il ne croyait pas si bien dire...
A la nuit tombante, j'entends soudain des grognements et des "couinées" provenant (je vous le donne en mille)................ du poste du haut . Christian, qui entre-temps a pris position, m'envoie: "ils arrivent d'en haut. Les ai vu traverser la lanche. Y'en a 4 ou 5."
Impossible pour moi de bouger et, de toute manière, je n'ai plus le temps. Il fera nuit sous peu. Il ne me reste plus qu'à maugréer et à pester contre la malchance et/ou la ruse de ces satanés sangliers...
Au bout d'une dizaine de minutes, assez déçu, je quitte le dessous du sapin où je m'étais dissimulé. A peine ai-je fais quelques mètres que, PAN!!!, un coup de feu retenti. Immédiatement j'épaule mon fusil pour un éventuel face-à-face avec un fuyard. Je pressens en effet que Christian s'est montré plus habile que moi. Rien ne viens. J'attends encore 5 minutes, puis me dirige vers le lieu de rendez-vous.
A mon arrivée, je contemple la scène que j'avais imaginée: mon ami Christian, tout tremblant de froid et d'adrénaline, avec a ses pieds une magnifique laie d'environ 70 kg (non allaitante je précise).
Ma saison de chasse est maintenant terminée, et je n'ai pas revu de sanglier. Mais, avec le recul, cette aventure restera un des moments forts de cette année. La poussée d'adrénaline du premier soir, l'espoir qui en a découlé, la déception du 2ème soir vite oubliée devant la joie de mon ami sont autant de souvenirs gravés pour longtemps dans la case "chasse" de ma mémoire.
En prime, une petite photo de la belle.(désolé pour la qualité, téléphone portable...)
Mi-octobre 2012. Une fine couche de "fraîche" était venue blanchir les sommets, les jours commençait à s'éclipser de plus en plus tôt, bientôt l'heure de ranger nos armes et de sortir les skis. Au milieu de la matinée, au travail, je reçois un message de Christian, un des chasseurs expérimentés de notre groupe:
-"Appelle-moi dès que tu peux".
Autant dire qu'il n'en fallait pas beaucoup plus pour que mon imagination se mette en route et que je ne me "fasse des films" quant à la nouvelle qu'il allait m'annoncer. J'ai donc attendu ma première pause et l'ai appelé:
"- Ciao Christian, ça joue? Quelque chose d'important?"
"- Rien de grave. Je suis passé hier soir à l'alpage de Pasin. J'ai vu 2 cochons qui repartaient vers le col. Et pas des petits... Je te suggère d'aller te poster là-haut ce soir. Y'a des chances qu'ils ressortent. Mets toi au poste du haut, ils devraient sortir en face de la grande lanche, depuis la réserve... Moi je peux pas y aller, je bosses tard."
"- Ok. Merci de l'info. Mais tu crois pas que je devrais rester un peu d'en-bas, pour les croiser à la sortie de la forêt."
" - Fais comme tu veux, mais moi à ta place j'irai en haut. Après, ils peuvent aussi sortir plus bas,... ou pas du tout... "
"- D'accord. Je te tiens au courant"
Autant dire que ma productivité au travail l'après-midi ne fut certainement pas à la hauteur des espérances du chef!!!
Enfin. Après une discussion avec le boss, je sors bien en avance du job, je rentre direct à la maison, m'équipe en quatrième vitesse, charge mon bardas dans la voiture et me voilà grimpant à toute allure vers l'endroit où, j'en suis persuadé, j'ai rendez-vous avec mon premier sanglier. Quel exploit ça serait, pour ma première année, de tirer un cochon. Cela fait plus de 3 ans que personne du groupe n'en a salué un comme il se doit...
J'arrive ainsi au "chalet du barbu", parque ma voiture en retrait, m'équipe rapidement et me dirige vers le poste indiqué par Christian. 15 cm de neige ne facilitent pas mon ascension, et il me faut bien 25 bonnes minutes de grimpette pour qu'enfin les 2 sauvestres de mon beretta soient au bon endroit et prêtes à entrer en action.
L'attente commence. 16h30... 17h00... 17h30. Il n'y a presque aucun bruit, la neige atténue tout. Hormis quelques sifflements de passereaux, rien ne semble venir troubler l'immobilité totale du paysage de l'alpage déjà entré dans l'hiver. Dans mes jumelles, je distingue tout de même au loin quelques mouflons qui cherchent pitance aux fonds des prés. La lumière
commence à diminuer. Je scrute le moindre détail de la lanche en face de moi, épaule et vise au moins 50 fois le moindre rocher, histoire d'être prêt quand il le faudra. Je commence aussi à trembler, car un petit "souffle" glacial viens s'ajouter à la température faiblement négative. Et oui, on est tout de même à 1800m et le soleil a disparu depuis longtemps derrière les cimes.
Soudain, et je ne sais toujours pas pourquoi, je tourne la tête sur ma gauche. Un minuscule point noir attire mon attention. Tiens, c'est étrange, je ne l'avais pas encore remarqué ce point noir... ... ... ... Put... mais il bouge.
En même temps que le mot "sanglier" explose dans ma tête et que mon coeur commence à s'emballer, je me rends compte quasi-instantanément qu'il est sorti en bas et que je suis placé un peu trop haut. Je garde le secret espoir qu'il longe la lisière de la forêt et se dirige vers moi, mais je sais déjà ce qu'il va faire. Et pas manqué, il croise le pâturage à plat, au petit trot, sans se presser. Arrivé de l'autre côté de la zone dégagée, il marque un petit temps d'arrêt puis s'enfonce sous les petits sapins. A peine ai-je le temps de le mettre dans mes jumelles qu'il disparaît.
Ne sachant pas que faire, j'enfile mon sac à dos, quitte mon poste et tente une approche des plus discrètes possibles. Mais il fait bientôt nuit et le temps presse. Je tente d'allier vitesse et silence, mais je ne dois pas bien m'y prendre car je ne le reverrai pas. J'ai beau attendre près de l'endroit où il est rentré jusqu'à l'extrême limite de la visibilité (aidé en cela par la clarté de la neige), je ne lâcherai pas de cartouche ce soir-là.
Partagé entre le dépit de ne pas avoir suivi ma première idée (quant au choix du poste) et l'excitation d'avoir vu mon premier sanglier en action de chasse, je regagne mon véhicule puis téléphone à Christian.
-" Tu crois pas!!! Y'en a un qui est effectivement sorti, mais il est passé d'en bas, juste en dessus des mélèzes... Là où je pensais me mettre au début..."
-" Ah oui... Tu me fais marcher... Sérieux. Bon dommage alors. Mais au moins tu en as vu un. Et on sais où ils risquent de passer les prochaines fois..."
- "Ouais, je suis pas passé loin. Mais une belle soirée quand même... Je remonte jeudi. Mais je me mets en bas cette fois..."
- "Normalement je n'ai rien jeudi, alors je viendrai peut-être après le boulot."
- "Ok, redis-moi".
Le jeudi donc (deux jours après, le mercredi étant jour de trêve), me voilà posté à l'endroit même où j'ai vu rentré "mon" cochon. Christian m'envoie un message. "Suis en retard. Arriverai à la dernière minute. Me poste derrière toi, de l'autre côté de la sapinière. On se rejoint à la fin."
Il ne croyait pas si bien dire...
A la nuit tombante, j'entends soudain des grognements et des "couinées" provenant (je vous le donne en mille)................ du poste du haut . Christian, qui entre-temps a pris position, m'envoie: "ils arrivent d'en haut. Les ai vu traverser la lanche. Y'en a 4 ou 5."
Impossible pour moi de bouger et, de toute manière, je n'ai plus le temps. Il fera nuit sous peu. Il ne me reste plus qu'à maugréer et à pester contre la malchance et/ou la ruse de ces satanés sangliers...
Au bout d'une dizaine de minutes, assez déçu, je quitte le dessous du sapin où je m'étais dissimulé. A peine ai-je fais quelques mètres que, PAN!!!, un coup de feu retenti. Immédiatement j'épaule mon fusil pour un éventuel face-à-face avec un fuyard. Je pressens en effet que Christian s'est montré plus habile que moi. Rien ne viens. J'attends encore 5 minutes, puis me dirige vers le lieu de rendez-vous.
A mon arrivée, je contemple la scène que j'avais imaginée: mon ami Christian, tout tremblant de froid et d'adrénaline, avec a ses pieds une magnifique laie d'environ 70 kg (non allaitante je précise).
Ma saison de chasse est maintenant terminée, et je n'ai pas revu de sanglier. Mais, avec le recul, cette aventure restera un des moments forts de cette année. La poussée d'adrénaline du premier soir, l'espoir qui en a découlé, la déception du 2ème soir vite oubliée devant la joie de mon ami sont autant de souvenirs gravés pour longtemps dans la case "chasse" de ma mémoire.
En prime, une petite photo de la belle.(désolé pour la qualité, téléphone portable...)
- LeSarrazinBécasse
- Nombre de messages : 202
Age : 48
Localisation : 74
Date d'inscription : 21/11/2012
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Sam 8 Déc 2012 - 17:47
Merci pour se récit, très alléchant.
Je garde espoir de faire ma première bête noir cette année, qui est aussi la première 😉
Et encore félicitation pour ta patience et pertinence
Je garde espoir de faire ma première bête noir cette année, qui est aussi la première 😉
Et encore félicitation pour ta patience et pertinence
_________________
Je suis chasseur, et j'en suis fier ...
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 12:20
Très bien écrit, merci pour le récit !
- pinpin73Cerf10 000 Messages
- Nombre de messages : 13504
Age : 41
Localisation : Savoie
Date d'inscription : 04/09/2010
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 12:37
Adrien a écrit:Très bien écrit, merci pour le récit !
+1 !! merci pour le partage !!
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- FalcoTessCerf3000 Messages
- Nombre de messages : 5889
Age : 43
Localisation : Nord Isère (38)
Date d'inscription : 15/10/2011
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 15:38
Merci pour le récit,on s'y croirait!!Bravo à ton collègue et la prochaine fois ce sera pour toi...
- kiki 71Cerf10 000 Messages
- Nombre de messages : 16623
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Localisation : saone et loire
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 18:22
super récit
- r3ptil69Cerf1000 Messages
- Nombre de messages : 2740
Age : 37
Localisation : Ain / Rhone / Chasse de partout ;-)
Date d'inscription : 17/09/2012
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 20:00
Bravo pour le récit!
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URGENT: Pétition a signé et a faire tourner en masse http://www.change.org/fr/pétitions/pétition-pour-une-fnc-transparente
- dams38Cerf3000 Messages
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Localisation : Nord Isère (38)
Date d'inscription : 14/10/2011
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 21:07
Merci pour ce beau récit , dommage que la chance n'ai pas joué en ta faveur et bravo à ton collègue .
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La chasse , c'est mon médicament !!!
- math26Cerf1000 Messages
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Age : 28
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 14/11/2012
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Lun 10 Déc 2012 - 21:31
merci pour ce magnifique recit,c'est passionnant
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A la chasse comme en amour, on commence quand on veut et on finit quand on peut.
- MélanieCerf3000 Messages
- Nombre de messages : 4166
Age : 30
Localisation : Brioude (43)
Date d'inscription : 13/12/2010
Re: Pas de chance!!! Mais que du bonheur.
Mar 11 Déc 2012 - 16:48
Trés beau récit !
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La passion des chiens courants
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