L'AJC du Nord réhabilite un marais

À Lécluse, sur les 8 hectares du marais Salix, le croule de la bécassine, le nasille du canard colvert ...

ne sont plus couverts par les coups de fusil. Enfin, presque. Une passée du matin (chasse postée) et une passée du soir, « cinq à six fois par an », dit Adrien Moreau, président de l'Association des jeunes chasseurs du Nord (1). Qui raconte le plaisir éprouvé par de jeunes chasseurs du département de l'Eure invités à épauler le fusil dans le marais alors qu'ils n'avaient jamais été à la chasse aux canards de leur vie.
Depuis 2008 et la convention de gestion signée entre la propriétaire du marais, Mme Godefroy, la Fédération régionale du Nord - Pas-de-Calais des chasseurs et l'AJC 59, le gibier d'eau nidifie en quasi toute tranquillité. « Vous auriez vu les lieux à notre arrivée ! » Âgés, les propriétaires n'avaient ni la capacité, ni les moyens d'arracher les saules, qui avaient progressivement grappillé du terrain vers le centre de la mare. D'où la convention signée pour « 5 ou 6 ans », dit Adrien Moreau, plus exactement sûr de la durée. En vertu de quoi les chasseurs sont devenus gestionnaires à part entière du marais situé en plein coeur d'une zone humide remarquable, classée ZNIEFF (zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique).
Les fusils posés sur les râteliers, les chasseurs relèvent leurs manches pour arracher les touradons de carex (des formations végétales en mottes), susceptibles d'abriter de futurs nids. De temps à autre, des étudiants du lycée agricole de Tilloy-les-Mofflaines, en BTS gestion et protection de la nature viennent leur prêter main forte. Comme en ce mois de décembre. « À une trentaine, ils abattent du travail », souligne Adrien Moreau.
Avec enthousiasme, ils ont fauché une roselière, débroussaillé le bras mort d'un étang et redonné vie à une mare envahie par les ligneux.
« On voit apparaître des zones avec plus de passereaux », reconnaît le président de l'AJC 59. Toujours est-il que les mares rouvertes l'hiver dernier ont été recolonisées par la grenouille rousse et ont été fréquentées par les libellules durant l'été.
Depuis la signature de la convention de gestion, soixante-quatre espèces d'oiseaux, seize espèces de libellules et dix-sept espèces de papillons ont été recensées.
À l'AJC 59, on aimerait bien signer d'autres conventions de même nature. « Pour l'instant, on ne gère que celle-ci. Mais on a des contacts avec d'autres propriétaires », signale Adrien Moreau, prêt à étudier toutes propositions. •
BERTRAND BUSSIÈRE