Pas de Calais les chasseurs nettoient les dunes

Samedi, l'association de chasse maritime du Calaisis a nettoyé le littoral entre le chemin des Dunes à Calais et les dunes d'Oye.



Pas moins de quatre-vingt tonnes de déchets de toute sorte ont été ramassées par les quelque trois-cents chasseurs présents.

Autour des huttes de chasse, pas un bruit habituellement. Les hommes sont terrés, silencieux, ils attendent le gibier d'eau. Le scénario n'était pas le même samedi, les chasseurs, d'habitude si discrets, se sont retrouvés à plus de trois cents pour nettoyer le littoral entre Calais et Oye-Plage. La zone de plus de neuf kilomètres de long a été, pour l'occasion, divisée en trois : les chasseurs des Hemmes de Marck et d'Oye-Plage, et ceux de Calais se sont partagés le terrain dunaire afin d'être plus efficaces. « Tous les bénévoles de l'association répondent à l'appel, chaque équipe part avec un sac sur un secteur particulier », explique Dominique Gavelle, président de l'association de chasse maritime du Calaisis.



Électroménager, plastique et bidons d'acide ramassés

En deux heures à peine, une première benne est remplie de ferraille, plusieurs dizaines de sacs de déchets papier et plastique.

Quelques appareils électroménagers complètent la récolte de l'équipe de nettoyage. « On ramasse de tout, note Dominique Gavelle qui ne s'étonne plus des trouvailles effectuées. Des téléviseurs, des réfrigérateurs, des animaux morts dans des sacs plastique que les gens ne prennent pas la peine d'enterrer, de paquets de chips, des bouteilles en plastique... » La liste est longue, il y autant de détritus typiques de la pollution quotidienne -emballages alimentaires par exemple- que d'objets plus encombrants issus des décharges sauvages créées çà et là dans les dunes.

Plus rares, mais plus dangereux, les hommes de l'association ont parfois récupéré des rejets maritimes au contenu assez nocif pour eux comme pour l'environnement tels que des bidons d'acide, sûrement tombés des cargos qui passent par le chenal. « On a dû faire appel aux pompiers pour les enlever, ce qui était indiqué sur les contenants n'annonçait rien de bon. Il nous faut être prudents. » L'opération a en tout permis de collecter quatre-vingt tonnes de déchets en une matinée. « On chasse, mais on a aussi un rôle de veille sanitaire : on protège, on nettoie, on entretient. Malgré ce que les écologistes peuvent dire de notre activité, on s'investit pleinement dans ce qu'on fait » poursuit le président de l'association.



Un blockhaus aménagé en infirmerie

Car les chasseurs troquent volontiers, depuis une bonne quinzaine d'années maintenant, fusil et carabine contre une paire de gants et un sac poubelle. Une opération dans laquelle s'investissent sans rechigner les jeunes détenteurs du permis de chasse. La nouvelle génération âgée de 15 à 25 ans n'a pas hésité à participer, elle aussi, à ce grand ménage printanier autour des huttes.

Cette matinée a également permis à Dominique Gavelle de dévoiler le nouvel outil de son association : un blockhaus transformé en garderie et poste de secours. Une nécessité pour le lieu, très en recul, et difficile d'accès par la route. Le site attire, en effet, de nombreux visiteurs mais reste enclavé lorsqu'il s'agit d'intervenir rapidement sur zone. « On aménage une infirmerie complète avec défibrilateur et pharmacie d'urgence ; c'est nécessaire quand on sait qu'il faut en moyenne trente minutes aux pompiers pour intervenir sur le coin : on n'a pas trente minutes de délai quand quelqu'un fait un malaise cardiaque », poursuit le président Dominique Gavelle. Une fois son aménagement fini, le blockhaus fera également office de lieu de retrouvailles pour les chasseurs pendant la saison. Un coin repas sera installé pour les hommes des cent une huttes des Hemmes de Marck et du Moulin Rouge. Une nouvelle occasion pour eux de se retrouver, en dehors des temps de chasse à proprement parler, et du nettoyage annuel de mai.