Nord Les chasseurs craignent pour leur territoire

Ils ont peur, avec les structures de toutes sortes (aires marines protégées, conservatoire du littoral

, Natura 2000, Sage de la Canche...) de voir leur espace de chasse grignoté toujours un peu plus. Les chasseurs de la baie de Canche, réunis dimanche matin en assemblée générale dans la salle de la Pinède, à Étaples, sont plutôt sur la défensive face à l'ennemi commun, « les antichasse ». Autrement dit les « usines à gaz » et les « écolos » de tout poil, même si les chasseurs revendiquent d'abord pour eux l'adjectif « écologique » : « Les vrais écolos, c'est nous, qui entretenons la Baie de Canche de pères en fils... » Leur territoire de chasse.- L'association maritime des chasseurs de la baie de Canche (l'AMCBDC) que préside Claude Baillet, rassemble 408 chasseurs et 49 huttes sur un territoire de chasse de 550 hectares dont 80 hectares le long des berges de la Canche avant l'estuaire. Cette zone est louée à l'état 8 800 E, Le bail est de neuf ans, renouvelable la prochaine fois en 2014.
Les dates de chasse.- Actuellement, c'est du premier week-end d'août au 31 janvier, avec dix jours de plus en février pour les oies. Avant, c'était du 14 juillet à fin février.
Les craintes.- Les chasseurs redoutent la diminution progressive de leur territoire de chasse. Il y a vingt ans, la réserve naturelle (sur la rive droite de l'estuaire en remontant vers Sainte-Cécile) leur a mangé 40 hectares. Non loin de là, aux Mollières, la zone Natura 2000 pourrait couvrir 80 hectares. Certes les huttes y resteraient mais c'est la gestion de cette zone par le conservatoire du littoral, via Eden 62, que les chasseurs redoutent, L'argumentaire des chasseurs.- Nous sommes, disent-ils, les véritables gestionnaires (« les sentinelles ») de la baie.
Nous y sommes présents 365 jours sur 365 et nous y régulons les espèces comme de vrais gardes-chasse. les divers organismes comme le conservatoire, eux, « sanctuarisent » ces espaces au lieu d'y gérer la biodiversité et les populations animales. Résultat, les sangliers et les renards ont colonisé la zone et prolifèrent au détriment des autres espèces, notamment lapins et oiseaux. Bref, la baie n'est plus du tout entretenue comme il faudrait.
Le scandale des oies.- Les oies et les canards siffleurs qui passent en octobre-novembre dans la région remontent d'Espagne début mars. En avril-mai, en Hollande et en Allemagne, c'est la saison des amours et la nifidication. Là-bas, pour éviter qu'ils ne s'alimentent dans les cultures, « on les attrape et on les gaze ou on empêche les oeufs d'éclore ». 100 000 oiseaux seraient ainsi sauvagement détruits. À côté des 27 oies abattues cette année par les chasseurs locaux, cela fait désordre...
Prochaines actions.- Une loi sur la chasse,préparée par le député de la Somme, Jérôme Bignon, est en préparation. Les chasseurs locaux comptent sur le député Daniel Fasquelle pour résister au « lobby écologique ». Le 6 mai, une délégation locale de l'Union nationale des associations des chasseurs d'oiseaux migratoires ira manifester à Bordeaux pour obtenir l'application de la convention de Berne. Autrement dit le droit de chasser en février.
Saturnisme.- Le remplacement des plombs dans les cartouches par des billes d'acier coûte cher. les belges utilisent des plombs nickelés.
Pourquoi n'en a -t-on pas le droit en France ?
Cadeaux.- Le député, sur sa réserve parlementaire, va offrir aux chasseurs deux débroussailleuses pour bien entretenir la baie. Il a aussi promis à son chargé de missio chasse, Thierry Forestier, vice- président de l'AMCDBC, un parc à canards au Touquet. •